Le hockey prend de plus en plus d’importance chez Polytan, notamment dans le cadre du développement du premier gazon synthétique neutre en carbone du monde destiné à la pratique du hockey sur gazon, le Poligras Paris GT zero. Nous avons profité de l’opportunité pour nous entretenir avec Valentin Altenburg, l’entraîneur de l’équipe d’Allemagne féminine de hockey sur gazon (DANAS). Retour en arrière sur la coupe du monde féminine de hockey sur gazon qui s’est tenue en Espagne et aux Pays-Bas, et regard tourné vers sur les Jeux olympiques 2024 de Paris.
ON TOP : Valentin Altenburg, nous vous remercions pour le temps que vous nous accordez. Pourriez-vous au préalable nous expliquer, ainsi qu’à nos lectrices et à nos lecteurs, votre parcours personnel jusqu’à l’obtention du poste de sélectionneur de l’équipe d’Allemagne de hockey ?
Valentin Altenburg : J’ai étudié la gestion d’entreprise à Mannheim. Pendant mes études, je jouais au hockey au sein du super club TSV Mannheim et j’ai travaillé en tant qu’entraîneur de l’équipe des Kickers de Stuttgart. J’ai également effectué des études à l’Université de St Gallen afin de devenir directeur sportif. Après mes premières expériences professionnelles, deux ans en tant qu’enseignant, je peux affirmer avec le recul que j’ai vécu les années les plus enrichissantes de ma vie. J’ai appris à transformer des relations préexistantes en des relations durables, une compétence qui m’aide aussi en ma qualité d’entraîneur de l’équipe d’Allemagne de hockey. Depuis 2005, je suis entraîneur diplômé de l’académie des entraîneurs d’Allemagne et entraîneur des équipes de jeunes d’Allemagne. Dès 2016, j’occupe tout d’abord le poste d’entraîneur de l’équipe d’Allemagne masculine puis depuis janvier 2022 de l’équipe d’Allemagne féminine.
ON TOP : Mot clé : entraîneur de l’équipe nationale. Parlons à présent de hockey.
Valentin Altenburg : Si on parle en chiffre : depuis 2005, je suis entraîneur diplômé de l’académie des entraîneurs d’Allemagne et entraîneur des équipes de jeunes d’Allemagne. Dès 2016, j’occupe tout d’abord le poste d’entraîneur de l’équipe d’Allemagne masculine puis depuis janvier 2022 de l’équipe d’Allemagne féminine.
ON TOP : Pourquoi le hockey vous fascine-t-il ? Quelles sont les missions que vous vous êtes fixées en tant qu’entraîneur national ?
Valentin Altenburg : J’aime la rapidité du jeu, la finesse technique et les nombreuses tactiques à notre disposition. J’ai pour ambition d’entraîner mes équipes afin qu’elles soient des adversaires redoutables et qu’elles pratiquent un hockey intéressant à regarder. Le classement sera le résultat de cet objectif, pas l’inverse. Je trouve absolument fascinant de toujours pouvoir créer la surprise dans le sport de haut niveau. C’est possible lorsque nous nous préparons à cette éventualité. J’apprécie également énormément le fair-play qui règne dans cette discipline, le style de jeu élégant, mais dynamique, et bien sûr, la famille du hockey qui est très spéciale.
ON TOP : Lorsque nous parlons des grandes nations du hockey sur gazon, on évoque systématiquement les Pays-Bas, l’Argentine et l’Espagne en plus des pays « classiques » du hockey que sont l’Angleterre, l’Inde et le Pakistan. Racontez-nous quelque chose sur le hockey en Allemagne, par exemple, sur le sport dans les écoles, les clubs, les régions, la popularité.
Valentin Altenburg : En Allemagne, le hockey est une discipline sportive qui continue de croître au fil des années, notamment dans les métropoles comme Hambourg, ma ville natale. Le hockey est depuis bien organisé et intégré dans une structure innovante et très efficace de clubs. En bref, c’est un super sport pour les jeunes et les moins jeunes, filles ou garçons, qui a beaucoup d’avenir.
ON TOP : La Bundesliga de hockey est-elle aussi forte que d’autres ligues de pays européens tels que les Pays-Bas ou la Belgique ?
Valentin Altenburg : Ces dernières années, la Bundesliga de hockey a énormément gagné en attractivité sur le plan sportif. Pour ne citer qu’un exemple : outre les stars de hockey allemandes, de nombreuses vedettes internationales, femmes ou hommes, évoluent également dans le championnat allemand.
ON TOP : Chez les femmes en Bundesliga, la tendance s’oriente de nouveau vers un hockey défensif puisque Düsseldorf est devenu champion pour la deuxième fois consécutive. Pouvez-vous obtenir du succès avec ce système où il n’est pas possible de réaliser un entraînement centralisé, comme c’est le cas pour les principales nations du hockey ?
Valentin Altenburg : Absolument. Cette saison et la saison dernière, la ligue de hockey était plus équilibrée, ce qui n’était pas arrivé depuis longtemps. Je souhaiterais également qu’un hockey plus attractif soit joué avec succès en ligue. Nous allons le développer dans un cadre d’une collaboration étroite avec les générations actuelles d’entraîneurs et d’entraîneuses de la ligue. On peut ressentir un renouveau, car la saison prochaine, de nombreuses autres stars internationales joueront en Allemagne. Cela ne me surprendrait donc pas d’être témoin de la meilleure Bundesliga féminine de tous les temps. Nous n’étions pas encore à ce stade à la saison dernière. En ce qui concerne le système de sport de haut niveau allemand, nous pouvons connaître un franc succès dans notre système décentralisé. Je suis heureux que mes joueuses soient solidement enracinées dans de nombreux clubs différents et représentent des exemples tangibles pour la future génération de hockey.
ON TOP : Depuis des décennies, l’Allemagne obtient de bons résultats en hockey sur gazon, tant les hommes que les femmes. Qu’est-ce qui rend le hockey allemand si performant ?
Valentin Altenburg : Notamment la nécessité de nos équipes nationales de parcourir un chemin dual propre. À cela s’ajoute le fort paysage associatif en Allemagne qui favorise le côté sportif, mais aussi la personnalité des joueurs et joueuses de hockey sur gazon. C’est souvent la base de l’amour pour le hockey qui dure toute une vie et qui est transmis de génération en génération.
ON TOP : Parlons à présent de l’équipe d’Allemagne féminine de hockey sur gazon. Comment évaluez-vous l’évolution de l’équipe ? La Coupe du monde de 2022 a servi de premier indicateur.
Valentin Altenburg : Malgré une respectable, mais déplaisante quatrième place, je suis très fier de la prestation de l’équipe. Les filles sont désormais de nouveau convaincues de faire partie des meilleures mondiales. Ce point est peut-être le plus important bénéfice de ce tournoi. Par ailleurs, elles ont connu en 2022 une évolution fulgurante de leurs performances. Au cours de la Coupe du monde, l’équipe est devenue une unité gagnante qui jouait un hockey très intéressant à regarder. Une statistique m’a grandement impressionné : l’équipe s’est offert une occasion de but toutes les trois minutes, soit plus que toutes les autres équipes.
ON TOP : Envisageons à présent l’avenir. À quoi ressemble une préparation axée sur la performance en vue des Jeux olympiques de Paris 2024 ?
Valentin Altenburg : Fin octobre marque le coup d’envoi du prochain chapitre des Danas. Nous visons évidemment une qualification directe aux Jeux olympiques de Paris. La première possibilité de qualification est le Championnat d’Europe qui se déroulera l’été prochain en Allemagne, à Mönchengladbach. Le vainqueur de la coupe d’Europe sera ainsi qualifié d’office. Nous allons donc continuer à travailler afin de gagner de manière fiable des matchs à élimination directe par nos propres moyens.
ON TOP : Qu’attendez-vous de l’équipe allemande à Paris ?
Valentin Altenburg : Je souhaite voir à Paris et jusqu’à l’ouverture des JO une équipe allemande courageuse et forte. Je veux faire partie d’une unité d’entraîneurs et d’une équipe qui prend des initiatives afin de renverser le match et de remporter les matchs difficiles.
ON TOP: Envisageons à présent l’avenir. Quelle est la situation des jeunes hockeyeurs et hockeyeuses allemands
Valentin Altenburg : Bonne ! Les juniors féminines sont devenues cette année vice championnes du monde et championnes d’Europe. De très nombreux talents prometteurs vont arriver, et je m’en réjouis.
ON TOP : Retournons dans le passé. Au cours des 10 dernières années, comment la relation entre les entraîneurs et les joueurs s’est-elle développée, a-t-elle évolué ?
Valentin Altenburg : Il y a 10 ans, les entraîneurs de l’équipe nationale allemande étaient tout simplement l’instance centrale avec la connaissance. Ce qu’ils exigeaient et décrétaient faisait foi. Aujourd’hui, en revanche, tout ce qui vient de la direction de l’équipe est remis en question, par exemple, si c’est quelque chose d’utile ou plutôt contre-productif. Il y a plus d’indépendance et d’assurance.
En outre, chaque décision demande une explication. La relation a évolué : moins de décision à sens unique, plus de relation d’égal à égal. L’autorité de l’entraîneur ou de l’entraîneuse est moins le résultat de ses fonctions, mais plus de la prestation proposée. Le point positif ? Ces changements offrent un certain potentiel afin d’intensifier la relation entre les joueuses et l’entraîneur ou l’entraîneuse.
Je peux vous citer une autre évolution : je travaille depuis quelques années avec les équipes nationales allemandes. J’ai besoin et j’attends de mes joueuses un fort esprit d’équipe. Cela a été difficile pour moi de le mettre en pratique. Le fait que notre équipe d’entraîneurs et d’entraîneuses soit d’égal à égal, il existe aujourd’hui moins d’angles morts, d’individualisme obstiné et moins de solitude en tant qu’entraîneur ou entraîneuse de l’équipe nationale.
ON TOP : Quelles tendances observez-vous actuellement en hockey en termes de tactique, de fitness, de compétence et de formats de jeu, par exemple.
Valentin Altenburg : La grande tendance est évidemment le drag flick également dans le cercle, surtout parce qu’actuellement, presque toutes les joueuses peuvent l’utiliser en mouvement. On obtient ainsi un franchissement encore plus rapide des zones et ainsi des exigences plus élevées en termes de performance de course et de compétence technique du jeu lorsque la balle est catapultée en l’air.
ON TOP : Quel est le plus important changement que vous avez vécu au cours des dix dernières années dans le cadre du jeu ?
Valentin Altenburg : La self-passe ou l’auto-passe a révolutionné le hockey sur gazon et lui a également donné sa singularité. La self-passe est sans aucun doute le mouvement signature de notre sport.
ON TOP : Que pensez-vous de la candidature de l’Angleterre dans le cadre de l’organisation de la coupe de monde masculine de hockey dans le stade de football de Tottenham ?
Valentin Altenburg : Je trouve cette décision géniale. Le hockey jouit d’une longue tradition particulière en Angleterre en plus de profiter du public de fans de hockey anglais. Et le stade qui peut accueillir 62 850 spectateurs et spectatrices est tout simplement une force. J’espère que de l’esprit de l’ancien White Hart Lane est toujours un petit peu présent.
ON TOP : Évoquons à présent les « joueurs et joueuses exceptionnel·les ». À vos yeux, quels sont les meilleurs joueurs et les meilleures joueuses que vous avez jamais vu·es ?
Valentin Altenburg : Pour répondre de manière spontanée, Björn Emmerling et Moritz Fürste sont les joueurs les plus polyvalents avec lesquels j’ai pu collaborer. Le Hollandais Teun de Nooijer est le meilleur joueur que j’ai eu le privilège de voir.
ON TOP : Quels joueurs et quelles joueuses se distinguent actuellement ?
Valentin Altenburg : Il est difficile de répondre à cette question de manière concise. Il existe à l’échelle mondiale de nombreuses joueuses et de nombreux joueurs de haut niveau. Chez les femmes, ce sont notamment María Granatto et Margot van Geffen qui font la différence. Chez les hommes, Thierry Brinkman avec une qualité bien particulière.
ON TOP : María José Granatto était « Player of the 2022 Women’s World Cup ». Quels sont ses points forts ?
Valentin Altenburg : Il est difficile de la séparer de la balle, elle est très agile et est déterminée à aller vers le but. Son jeu s’appuie sur sa grande qualité technique et sa créativité lors de duels directs.
ON TOP : Dernière question : le Hockey5. La coupe du monde de Hockey5 aura lieu en début d’année 2024. Quel est le niveau de l’Allemagne en Hockey5, ce nouveau format de hockey court et super rapide ?
Valentin Altenburg : Le hockey allemand est encore sceptique à cet égard, et je le suis aussi. Le Hockey5 a été développé afin de proposer un format plus accessible lorsque l’on débute le hockey, et qui pouvait être pratiqué sur tous les terrains imaginables. Je suis convaincu qu’il peut s’agir d’une option appropriée pour atteindre cet objectif. Les prochaines années nous montreront si ce sport fait également partie du haut niveau et s’il y trouve sa place.
ON TOP : Merci beaucoup, Valentin Altenburg, pour cet entretien intéressant. Et bonne chance à vous et aux Danas à Paris !